lundi 26 janvier 2015

L'hiver des hommes, Lionel Duroy


Pourquoi la fille du général serbe Madlic, accusé de génocide et pourtant vénéré dans son pays, s'est-elle tiré une balle dans la tête avec le revolver de son père ? Fasciné par le destin des enfants de criminels de guerre, Marc, écrivain-journaliste, s'envole pour la Bosnie. Son enquête le conduit face aux acteurs de l'abominable conflit. Avec une franchise déconcertante, ces hommes racontent les désastres qu'ils ont vécus, les atrocités qu'ils ont commises, la paix qu'ils estiment avoir bâtie. Mais quel héritage laisser à ses enfants ? Peut-on se reconstruire sur du mensonge ?

Ma chronique

L'hiver des hommes était dans ma PAL depuis un petit moment déjà et je me suis enfin décidée à le lire. On est dans un contexte après-guerre, plus précisément la guerre de Yougoslavie dans les années 90. Ici, ce n'est pas tant de la guerre qu'on parle que de ses conséquences sur le peuple, en particulier le peuple serbe. Je commencerais ma chronique avec cette simple citation qui décrit bien l'atmosphère de l’œuvre :


« Je regrette que nous, qui avons gagné cette guerre, soyons obligés de nous cacher comme des criminels. »


La narration est à la première personne. Un journaliste français, Marc, est venu écrire un livre à propos de beaucoup de choses concernant cette fameuse guerre, notamment à propos de la fille du Général Mladic qui s'est suicidée en laissant ses proches dans le mystère total. Beaucoup de personnes, dont son propre père, croit en un assassinat engendré par ses propres actions militaires. Au final, on ne sait pas vraiment ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, et c'est ce que Marc essaie de découvrir. 

Le journaliste tente de parler à beaucoup de monde, nous avons ici beaucoup de témoignages de personnes venant de différents milieux sociaux comme le colonel Jankovic, qui lui a vécu la guerre et qui semble ronger par la culpabilité. Les serbes sont traités comme des vaincus alors qu'ils ont gagné la guerre. L'exemple le plus flagrant à ce sujet est le procès de Mladic qui est considéré comme un criminel de guerre pour avoir engendré un génocide de Musulmans. Tout le monde n'est cependant pas du même avis quant à la façon dont ses actions doivent être interprétés. Les uns prônent l'héroïsme de ce général qui a sauvé son peuple, les autres le condamnent. Au fil de l’œuvre, le Général est tantôt décrit comme un homme brave et héroïque, tantôt comme un monstre. On a du mal du coup à cerner le personnage. 

Marc essaie de recueillir le plus de témoignages possibles pour raconter des choses véridiques dans son œuvre (et tout le monde souhaite lui parler pour rétablir la vérité) mais il cherche encore et toujours à découvrir ce qu'il s'est passé avec Ana, la fille du Général. Au final on ne saura jamais comment et pourquoi c'est arrivé même si beaucoup de théories ont été évoquées. 

Ce que je trouve intéressant ici c'est que l'auteur fait de nombreuses comparaisons avec d'autres criminels de guerre et d'autres enfants de criminels de guerre pour savoir ce qui est arrivé aux gens et ce qu'ils ont pu ressentir à ce moment là. On a notamment beaucoup de références au livre les enfants d'Hitler.

Les conclusions de tous ces témoignages c'est que les communautés sont divisées. Les musulmans et les croates sont décrit comme des monstres bien que je trouve que cela n'est pas très objectif étant donné que les témoignages sont exclusivement serbes. C'est d'ailleurs pour cela que j'apprécie la fin où on laisse la parole à quelques musulmans.

Autre chose que j'apprécie également c'est qu'on a quelques moments où l'auteur dévoile la vie personnelle de Marc et, bien que cela ne soit pas très pertinent avec le reste de l’œuvre, ça permet au personnage d'être totalement réel et de bien se situer dans l’œuvre en tant que personne à part entière. En bref, c'est un livre vraiment bon bien que cela s'éloigne du genre que j'ai l'habitude de lire.


Misory

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